Max, l’arme numérique du Kremlin contre WhatsApp et Telegram
- Rubly Plaisir
- 8 sept.
- 2 min de lecture
Qu’est-ce que Max ?
Max est une application de messagerie développée par VK (VKontakte), lancée en mars 2025. Pensée comme une super-application (à l’image de WeChat en Chine), elle combine messagerie, appels audio/vidéo, mini-apps, chatbots, transferts d’argent et intégration aux services publics russes comme Gosuslugi .

Adoption massive et obligatoire
L’application est depuis septembre 2025 préinstallée sur tous les smartphones et tablettes vendus en Russie, en vertu d’une décision gouvernementale .
Les chiffres de l’adoption grimpent rapidement : 18 millions de comptes enregistrés en août/septembre, contre environ 1 million en juillet, 2 millions en juillet, puis 18 millions en août .
Fonctionnalités principales
Max permet :
Conversations privées et de groupe, messages vocaux, appels audio et vidéo, envoi de fichiers jusqu’à 4 Go .
Création de chatbots et mini-applications, intégration de GigaChat (IA de Sberbank), et transferts via le système de paiement instantané de la Banque de Russie (SBP/FPS) .
Accès aux services gouvernementaux : signature de documents, consultation de dossiers scolaires, identité numérique, etc. .
Surveillance et critiques
Max suscite une forte inquiétude des défenseurs des droits numériques :
L’application ne propose pas de chiffrement de bout en bout, et les services de sécurité comme le FSB peuvent accéder aux communications en temps réel .
Des voix critiques dénoncent Max comme un outil de surveillance d’État, voire un « goulag numérique », selon le journaliste d’opposition Andreï Okun .
Les experts redoutent une centralisation numérique extrême, comparable au modèle chinois, avec un contrôle croissant des autorités sur les communications et l’accès à l’information .
Des restrictions ciblées sur WhatsApp, Telegram ou Signal rendent les moyens de contournement de plus en plus difficiles .
Contexte stratégique
L’essor de Max s’inscrit dans la stratégie plus vaste de souveraineté numérique russe :
Inclusion d’applications nationales comme RuStore (magasin d'applications russe) et Lime HD TV sur les appareils vendus en Russie .
Rétablissement progressif d’un internet isolé sous contrôle : blocage de réseaux sociaux étrangers, lois restreignant les VPN et la recherche de contenus « extrémistes » .
Promotion forcée de Max via des campagnes institutionnelles (Obligatoire dans les écoles, usage sans frais data, canaux officiels migrés vers Max) .
Développeur : VK (société sous influence du Kremlin)
Lancement : Mars 2025 (phase bêta), préinstallée dès septembre 2025
Fonctionnalités : Messagerie, appels, mini-apps, IA, e-paiements, services publics
Adoption : De ~1 million en juillet à ~30 millions en septembre 2025
Sécurité : Aucune e2e, accès étatique aux données
Critiques : Surveillance, restriction des libertés, modèle de contrôle
Contexte : Souveraineté numérique, isolement technologique, restriction des apps étrangères
Max n’est pas une simple innovation technologique : c’est un outil politique et surveillant, imposé par l’État à grande échelle. Il reflète la volonté de Moscou de transformer l’environnement numérique russe en un écosystème fermé, sous contrôle gouvernemental. À terme, il façonnera la manière dont des millions de Russes communiqueront, interagiront avec l’administration, et accéderont à l’information.
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